Lieux cultuRels : non
Lieux cultuels : oui.
Voilà donc que pour ce petit « R » de fête que nous vous préparions avec foi et dévotion depuis des semaines, nous n'allons pas pouvoir communier avec vous.
Malgré toutes nos prières, on décide sans explication de nous mettre à genoux, de nous crucifier, de nous abandonner.
Pas question pour autant de contester la période apocalyptique, de remettre en cause l'ampleur du calvaire que nous traversons tel un désert.
Nous allons donc rester dignes, serrer les dents et retenir notre colère mais viendra bien le temps du jugement qui, si nous ne le voulons pas le dernier, sera celui des Hommes qui ne comprennent pas.
Sur l'autel de la guérison, vous sacrifiez le spectacle, jadis vivant, tragique bouc émissaire.
Pourquoi ? Pourquoi ?
Allons, dites, expliquez-nous, vous qui savez, pourquoi l'église d'à côté et les marchands qui l'entourent resteront ouverts, et pourquoi mon théâtre, votre théâtre, tous les théâtres devront fermer !
Dites, que ferez-vous demain, vous qui savez, si je cède à la tentation et demande à l'abbé mon ami, de me prêter son église pour venir jouer chez lui ? Enverrez-vous les gendarmes nous déloger ?
J'ai beau chercher, expliquez-moi la différence que vous faites entre une chapelle et un théâtre, temple de la poésie, de la pensée, de la fraternité ? Notre foi n'est peut-être pas la même mais ne devons-nous pas la respecter dans un pays laïque ?
Spectateur, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu'ils font.
Bonnes fêtes.
Francis Azéma.