C’est la question que pose le professeur de droit public Dominique Rousseau de l’Université Panthéon Sorbonne dans une tribune parue le 19 mars dans le journal Libération.
Les débats autour de la réforme des retraites voulue par le gouvernement confirment que nos représentants ne peuvent pas « vouloir pour le peuple » simplement parce qu'ils sont élus. Pour Dominique Rousseau, une refonte constitutionnelle garantissant la participation des citoyens s'impose.
« Tant que les idées et les institutions sont de niveau, les institutions tiennent », écrivait Benjamin Constant. Aujourd'hui, idées et institutions ne sont plus « de niveau ». Ce décalage fait signe vers une crise de régime et pas seulement une crise politique. Les institutions sont faites sur l'idée que le peuple ne peut vouloir, penser et agir que par ses représentants et qu'en conséquence les élus veulent pour le peuple et disposent d'un monopole de la fabrication des lois. Ce qui se traduit par le célèbre : «Ce n'est pas la rue qui gouverne», et par une constitution qui, avec le 49.3, garantit bien qu'elle ne gouverne pas. Or depuis plusieurs années, une autre idée émerge, celle qu'expriment les citoyens d'être associés à la fabrication de la loi … »