La section locale ASSO31 du syndicat Solidaires a lancé en 2022 sa première enquête-action sur les conditions de travail des salarié.es du secteur associatif en Haute-Garonne. De l’analyse des résultats, qui sont maintenant disponibles, ressortent plusieurs faits marquants :
- Instabilité et turn over : 56% des personnes en CDI se projettent moins de 5 ans dans leur structure et 76% travaillent depuis moins de 6 ans dans leurs structures.
- Rémunérations faibles : seulement 20 % des salarié.es se situent au dessus du salaire médian (1940 € net) et 3 % seulement au dessus du salaire moyen (2630 €), 70 % des titulaires contrats précaires gagnent moins que le SMIC et 40 % gagnent moins de 600€.
- La norme des heures sup' et gratuites : les personnes interrogées déclarent travailler en moyenne 2,4 heures en plus que dans leur contrat chaque semaine et les dépassements sont rarement payés (seulement pour 10%).
- Entre engagement et exploitation : si 80% des personnes interrogées conçoivent leur travail salarié avant tout comme un lieu d'engagement, un tiers d’entre elles ont vu se dégrader leurs conditions de travail suite à des baisses de financements publics.
- Débordement d'un cadre rarement prescrit : seulement 7% des personnes interrogées affirment ne pas déborder de leur cadre légal de travail et a contrario 47% n'ont pas de fiches de poste qui détaillent les missions prescrites dans le cadre de leur contrat de travail.
- (Auto)-exploitation et conflits : si la moitié des débordement du cadre sont prescrits par les hiérarchies, l’autre moitié est « décidée » par les salarié.es pour pallier au manque de moyen pour réaliser leur mission. L'associatif n'échappe pas aux conflits salariaux et rapports de pouvoir avec une hiérarchie : 20 % des répondant.es déclarent avoir des relations très compliquées voire mauvaises avec leur direction ou Conseil d'Administration.
- Des risques sur la santé : 30% des personnes interrogées ont des grandes difficultés pour se mettre en arrêt de travail, particulièrement dans les TPA (structures de moins de 11 salarié.es) où la proportion monte à 73 %. Le manque de moyens et la culture de l'engagement accentuent les obstacles à faire valoir son droit à l'arrêt maladie.
- Manque d'information et de formation sur le droit au travail : malgré la sur-représentation dans l’enquête de personnes syndiquées, 16% des salarié.es considèrent ne pas être bien informé.es sur leurs droits au travail, 1 personne sur 6 ne connaît pas sa convention collective (et donc l'existence de droits spécifiques).